12h15 au carillon de l'église.
Marie pousse la porte du bureau, baignée d'inquiétude et d'excitation. Trois regards étonnés la dévisagent, attendant qu'elle brise le silence qui a figé l'agitation de la pièce, à son arrivée.
- Grace est là? répond-elle à ces paires d'yeux immobiles.
La question à ne pas poser. La personne dont il ne faut pas parler. Les têtes n'ont pas bougé. Les yeux fixent toujours Marie, comme si le diable était apparu, d'un coup d'un seul, sans crier gare, les troublant dans leur routine tranquille de pré-retraités des Postes. Elle comprend facilement qu'elle n'obtiendra d'elles ni renseignement ni compassion. Ce n'est pas non plus ce qu'elle recherche: les petites vieilles, c'est bien gentil, mais dans une maison de retraite ou en voyage autour du monde, point barre. Elle ne compte pas venir discuter le bout de gras chaque jour de la semaine avec elles, parlant tricot, petits enfants ou commérage. Marie attend beaucoup plus de cette semaine. Beaucoup plus qu'un échange, inter-génération ou pas. Alors qu'elle s'apprête à prendre congé de ces statues de sel, la porte s'ouvre avec fracas, laissant place à Marianne, l'honorable Présidente de l'événement. Evitant de justesse la collision, Marie en profite pour se faufiler discrètement par l'ouverture laissée béante. C'était sans compter sur Marianne qui la rattrape au passage, intriguée par ce petit bout de femme.
- Tu ...
- Marie, enchantée de vous rencontrer, enchaîne-t-elle tendant le bras pour lui offrir une ferme poignée de main.
- Ah, c'est toi la fameuse Marie!
Interloquée, Marie reste stoïque, ne sachant pas vraiment si cette exclamation relève du compliment ou du dégoût. Mais les yeux brillants de Marianne lui précisent la bienveillance du propos. Mais préssée comme à son habitude, cette dernière ne s'attarde pas sur la présence de Marie et s'eclipse vers le fond du bureau, déjà afférée à d'autres problèmes. Prenant finalement congé, Marie décide d'attendre Grace au point de rendez-vous convenu. Elle s'installe confortablement sur le banc qui fait face au restaurant où elles sont censées déjeuner, sort un bouquin et plonge dans sa lecture. Dix bonnes minutes à tuer: ça laisse assez de temps pour découvrir qui a comploté le terrible assassinat de Mr Nestor. Les pages s'enchainent à une vitesse folle. Au bout de la de la vingt-troisième, comme poussée par son instinct, Marie relève la tête. Les deux gardes anglais se baissent pour passer sous le porche avec leurs hauts casques. Et Grace les accompagne. Les trois individus sont en grande conversation, inertes à toute intervention extérieure, parlant fort et ventilant l'espace devant eux au moyen de larges gestes des bras. Le spectacle est comique. De loin, on pourrait croire à des pantins de bois, le gendarme chassant Guignol à coups de bâton. Sauf qu'il n'y a pas de bâton. Marie sent son coeur s'affoler, range son livre avec empressement et vérifie qu'elle n'a rien oublié. Bonjour Monsieur, bonjour Monsieur. Oups, ils ne parlent pas français. Hello! Première bourde, ça commence bien, Marie! Bravo. Les gardes, amusés et étonnés d'avoir à faire à une si jeune fille, plaisantent entre eux. Marie est un peu déboussolée, surtout que Grace vient de partir, la laissant seule avec ces deux impressionnants personnages de bande déssinée. Ne voyant d'autre solution, elle les précède, leur indiquant avec maladresse la porte du restaurant. Les deux gardes courtoisement, lui ouvre la porte, la suivant de près. Tous trois prennent place, gênés, autour de la table dréssée.
- Grace est là? répond-elle à ces paires d'yeux immobiles.
La question à ne pas poser. La personne dont il ne faut pas parler. Les têtes n'ont pas bougé. Les yeux fixent toujours Marie, comme si le diable était apparu, d'un coup d'un seul, sans crier gare, les troublant dans leur routine tranquille de pré-retraités des Postes. Elle comprend facilement qu'elle n'obtiendra d'elles ni renseignement ni compassion. Ce n'est pas non plus ce qu'elle recherche: les petites vieilles, c'est bien gentil, mais dans une maison de retraite ou en voyage autour du monde, point barre. Elle ne compte pas venir discuter le bout de gras chaque jour de la semaine avec elles, parlant tricot, petits enfants ou commérage. Marie attend beaucoup plus de cette semaine. Beaucoup plus qu'un échange, inter-génération ou pas. Alors qu'elle s'apprête à prendre congé de ces statues de sel, la porte s'ouvre avec fracas, laissant place à Marianne, l'honorable Présidente de l'événement. Evitant de justesse la collision, Marie en profite pour se faufiler discrètement par l'ouverture laissée béante. C'était sans compter sur Marianne qui la rattrape au passage, intriguée par ce petit bout de femme.
- Tu ...
- Marie, enchantée de vous rencontrer, enchaîne-t-elle tendant le bras pour lui offrir une ferme poignée de main.
- Ah, c'est toi la fameuse Marie!
Interloquée, Marie reste stoïque, ne sachant pas vraiment si cette exclamation relève du compliment ou du dégoût. Mais les yeux brillants de Marianne lui précisent la bienveillance du propos. Mais préssée comme à son habitude, cette dernière ne s'attarde pas sur la présence de Marie et s'eclipse vers le fond du bureau, déjà afférée à d'autres problèmes. Prenant finalement congé, Marie décide d'attendre Grace au point de rendez-vous convenu. Elle s'installe confortablement sur le banc qui fait face au restaurant où elles sont censées déjeuner, sort un bouquin et plonge dans sa lecture. Dix bonnes minutes à tuer: ça laisse assez de temps pour découvrir qui a comploté le terrible assassinat de Mr Nestor. Les pages s'enchainent à une vitesse folle. Au bout de la de la vingt-troisième, comme poussée par son instinct, Marie relève la tête. Les deux gardes anglais se baissent pour passer sous le porche avec leurs hauts casques. Et Grace les accompagne. Les trois individus sont en grande conversation, inertes à toute intervention extérieure, parlant fort et ventilant l'espace devant eux au moyen de larges gestes des bras. Le spectacle est comique. De loin, on pourrait croire à des pantins de bois, le gendarme chassant Guignol à coups de bâton. Sauf qu'il n'y a pas de bâton. Marie sent son coeur s'affoler, range son livre avec empressement et vérifie qu'elle n'a rien oublié. Bonjour Monsieur, bonjour Monsieur. Oups, ils ne parlent pas français. Hello! Première bourde, ça commence bien, Marie! Bravo. Les gardes, amusés et étonnés d'avoir à faire à une si jeune fille, plaisantent entre eux. Marie est un peu déboussolée, surtout que Grace vient de partir, la laissant seule avec ces deux impressionnants personnages de bande déssinée. Ne voyant d'autre solution, elle les précède, leur indiquant avec maladresse la porte du restaurant. Les deux gardes courtoisement, lui ouvre la porte, la suivant de près. Tous trois prennent place, gênés, autour de la table dréssée.
excellent choix de musique ;) james bluuuunt we'll cry together