Lundi 29 octobre 2007 à 22:43
12h57
à l'horloge du restaurant
Ils sont attendus à 14h. Et ils n'ont toujours pas commencé à manger. Joanne et Marc les ont rejoints il y a tout juste dix minutes. Un ouf de soulagmeent a parcouru Marie à la vue des deux collègues. Elle n'aura pas à se torturer l'esprit afin d'éviter les questions banales: C'est difficile comme métier? Comment faites-vous pour ne pas rire? Joanne ne leur a pas laissé une minute de répit depuis son arrivée. Ils sont descendus ensemble de Paris. Ils se comportent comme larons en foire. Les Anglais se moquent d'elle et de ses grandes histoires, de son bagout interminable. Affectueusement, ils l'appellent « Maman Joanne », pour la faire taire un peu. Elle monopolise tout le monde, tout le temps. Mais les conversations vont bon train, mélant harmoniquement langue de Molière et de Shakespeare. Comme deux équipes qui s'affrontent, les dialectes se succèdent. Chacun essaie de comprendre son voisin au travers d'un langage des signes inventif et de regards lourds des mots que le Tour de Babel a rendu inutilisables. Les uns traduisent aux autres. Marc semble perdu, lui et son anglais à couper au couteau. D'autres les rejoignent encore. D'autres passent en coup de vent, curieux de voir ces fameux gardes, dont tout le monde parle depuis deux jours, attendant comme des groupies leur arrivée. Il faut les avoir vus des ses yeux vus, pour pouvoir raconter aux copines après. Les clients, autour, peuvent profiter sans encombres des conversations assourdissantes de la tablée. Les assiettes arrivent enfin devant chacun d'entre eux. C'est un vrai ballet classique, orchestré, minutieux. Elles repartent aussi vite, vidées d'un seul trait, avec hâte Les cloches de l'église, toute proche, ont donné le tempo, sonnant l'heure et demi, signal du départ pour la petite troupe. Dessert, café, anecdote, tout s'enchaîne et s'entrechoque dans l'urgence déclarée par les dames de bronze et d'acier. La pièce s'anime d'une effervescence qui laisse présager du rythme quotidien des jours à venir. Menée par Marc, la troupe ne perd pas une minute de plus. Marie ferme la marche, s'asurant de n'égarer aucun de ses deux hôtes. Direction: premier rendez-vous, première grande découverte, premières habitudes à établir.
Vendredi 27 avril 2007 à 1:21
Guillaume est parti à Amsterdam,
dealer mes (é)mots et morçeaux, je crois.
Ca(l)mez-vous.
[Appo.]
Mardi 10 avril 2007 à 21:18
- Grace est là? répond-elle à ces paires d'yeux immobiles.
La question à ne pas poser. La personne dont il ne faut pas parler. Les têtes n'ont pas bougé. Les yeux fixent toujours Marie, comme si le diable était apparu, d'un coup d'un seul, sans crier gare, les troublant dans leur routine tranquille de pré-retraités des Postes. Elle comprend facilement qu'elle n'obtiendra d'elles ni renseignement ni compassion. Ce n'est pas non plus ce qu'elle recherche: les petites vieilles, c'est bien gentil, mais dans une maison de retraite ou en voyage autour du monde, point barre. Elle ne compte pas venir discuter le bout de gras chaque jour de la semaine avec elles, parlant tricot, petits enfants ou commérage. Marie attend beaucoup plus de cette semaine. Beaucoup plus qu'un échange, inter-génération ou pas. Alors qu'elle s'apprête à prendre congé de ces statues de sel, la porte s'ouvre avec fracas, laissant place à Marianne, l'honorable Présidente de l'événement. Evitant de justesse la collision, Marie en profite pour se faufiler discrètement par l'ouverture laissée béante. C'était sans compter sur Marianne qui la rattrape au passage, intriguée par ce petit bout de femme.
- Tu ...
- Marie, enchantée de vous rencontrer, enchaîne-t-elle tendant le bras pour lui offrir une ferme poignée de main.
- Ah, c'est toi la fameuse Marie!
Interloquée, Marie reste stoïque, ne sachant pas vraiment si cette exclamation relève du compliment ou du dégoût. Mais les yeux brillants de Marianne lui précisent la bienveillance du propos. Mais préssée comme à son habitude, cette dernière ne s'attarde pas sur la présence de Marie et s'eclipse vers le fond du bureau, déjà afférée à d'autres problèmes. Prenant finalement congé, Marie décide d'attendre Grace au point de rendez-vous convenu. Elle s'installe confortablement sur le banc qui fait face au restaurant où elles sont censées déjeuner, sort un bouquin et plonge dans sa lecture. Dix bonnes minutes à tuer: ça laisse assez de temps pour découvrir qui a comploté le terrible assassinat de Mr Nestor. Les pages s'enchainent à une vitesse folle. Au bout de la de la vingt-troisième, comme poussée par son instinct, Marie relève la tête. Les deux gardes anglais se baissent pour passer sous le porche avec leurs hauts casques. Et Grace les accompagne. Les trois individus sont en grande conversation, inertes à toute intervention extérieure, parlant fort et ventilant l'espace devant eux au moyen de larges gestes des bras. Le spectacle est comique. De loin, on pourrait croire à des pantins de bois, le gendarme chassant Guignol à coups de bâton. Sauf qu'il n'y a pas de bâton. Marie sent son coeur s'affoler, range son livre avec empressement et vérifie qu'elle n'a rien oublié. Bonjour Monsieur, bonjour Monsieur. Oups, ils ne parlent pas français. Hello! Première bourde, ça commence bien, Marie! Bravo. Les gardes, amusés et étonnés d'avoir à faire à une si jeune fille, plaisantent entre eux. Marie est un peu déboussolée, surtout que Grace vient de partir, la laissant seule avec ces deux impressionnants personnages de bande déssinée. Ne voyant d'autre solution, elle les précède, leur indiquant avec maladresse la porte du restaurant. Les deux gardes courtoisement, lui ouvre la porte, la suivant de près. Tous trois prennent place, gênés, autour de la table dréssée.
Samedi 24 mars 2007 à 14:35
9h14 affiché
au portable.
Vendredi 23 mars 2007 à 0:19