Il y a tous ces mots que je ne t'ai jamais dit parce que je ne les pensais pas utiles, ou peut-être juste que je ne les connaissais pas encore. Ils m'ont pris à la gorge, un soir, comme une évidence, un besoin irrépressible de te dire les mots qui m'empêchaient alors de respirer. J'ai des envies de dire que tu es comme le frère que je n'ai jamais eu. Pourquoi était-ce ton nom qui m'est venu aux lèvres au milieu de la soirée pour en appeler un autre? Je déplore souvent ne pas avoir ce privilège de partager tout sans peur, sans retenue, avec une personne, une seule et unique personne. Celle-là même qui vient vous voir quand les larmes ne font que couler sur vos joues et que le monde n'a plus les couleurs du soleil et de la mer. Celle-là même qui partage avec vous les petits détails de la vie qui vous font sourire et qui rendent la journée plus agréable. Et ce n'est pas ce que je te demande. Si tant est que je te demande quelque chose. Seulement d'être là de temps en temps, de loin en loin. Tu es juste cette personne à mes yeux, qui sera toujours là, qu'importe les vents et les marées de notre amitié. Tu es le roc qui me guide vers la raison quand je divague trop. Tu es cette relation immuable qui semble éternelle. Je sais que cela fait probablement trop sur tes épaules d'un coup, mais j'ai besoin un instant de me raccrocher à notre stabilité pour apprendre à digérer les événements. C'est ton nom que j'ai crié dans la nuit pour me remettre à flots, pour m'aider à trouver cet air qui me manque tant.
On se parle trop, on se soutient, je ne sais plus où je vais, j'ai mal de souffrir et souffrir me fait mal, j'ai peur de quand tout va s'arrêter. J'oscille entre la colère et l'indifférence, même si quelques larmes se font sentir au fin fond de la gorge. Mais je gère. Et puis, au point où on en est franchement. Enervée de toujours n'avoir pas trouvé la confiance en soi, de destination, de stabilité. Je suis incapable de me projeter dans le futur. Comme s'il n'allait jamais exister pour moi. Je ne serai jamais adulte. Vous continuerez à vivre et profiter du temps qui passe sans moi et n'en ferez aucune différence. Je peux tomber au fond du trou demain sans provoquer aucun émoi. Je ne manquerai à personne, mais qu'est-ce que vous manquez à ma vie.