Je passe de la colère à la peur, de l’espoir à la déprime. Je n’arrive pas à canaliser mes émotions. Je croyais avoir droit à un peu de respect, un peu d’attention au lieu de cette ignorance insupportable. Je ne comprends pas cette réaction épidermique qui survient partout et n’importe quand. Mes pommettes sont rouges de trop contenir ces larmes ravalées depuis plusieurs jours. Je souffre à m’en arracher les cheveux de ne pas avoir d’explications concrètes.
Confiance vous avez dit ? Vous ne m’y reprendrez plus. Vous ne ferez plus tomber ces barrières, ces murailles qui me protègent même si elles m’empêchent de vivre. Je voudrais connaitre ce bonheur simple de ne pas se questionner sans cesse, de ne pas douter, de ne pas remettre en question tout, tout et encore tout.
Des cris muets sortent de moi, des cris qui cherchent un écho, une oreille, sans ne trouver rien d’autre que le froid de la nuit. J’explose de l’intérieur, je bouillonne sans pouvoir rien y faire, que de tout laisser sortir, les joues écarlates. Un peu d’honnêteté, le courage d’assumer ce que tu veux, de dire que tu veux profiter et que je n’en vaux pas la peine. Je n’ai jamais su ce que tu pensais, je n’ai pu connaitre ce que tu avais dans la tête, ce que tu envisageais, qui tu es au final.
Je t’en veux. Je t’en veux de ne pas m’en avoir parlé. Je t’en veux. Je t’en veux de ne même pas me respecter assez. Je m’en veux de ne pas t’avoir vu sous le jour vrai, tel que je l’aurais dû. Je t’en veux de m’avoir dit de te faire confiance. Ça n’a pas d’importance pour toi, tu t’en contrefiches, tu as déjà la tête à d’autres et tu m’as balayé d’un revers de main. Je mérite un peu de franchise, non ? Tu t’ennuyais ? Tu ne m’as rien dit, tu ne m’as pas parlé, pourquoi ? Pourquoi tout faire dans ton coin ?
C’est moi que je déteste maintenant. Tous les côtés de moi, toutes les facettes, le peu que vous connaissez et tout le reste aussi. Je ne me supporte plus. Mes réactions. Mes paroles. Mes gestes. Mes intentions. Mes raisonnements. Je déteste tout ça, du premier au dernier. Mes choix. Mes barrières. Mes fiertés. Je ne supporte plus rien. Comment je peux être ce moi-là ? Celui que j’ai envie de baffer à longueur de journée. Celui que je ne juge pas digne de vous. Celui qui n’existe aux yeux de personne.
J’ai cette peur constante ; collée au ventre, de l’avenir, de cette vie dont je ne veux pas décider. J’ai besoin d’une béquille, jsuis boiteuse comme pas deux. Si tu savais tout ce qui a bien pu me passer par la tête, si tu savais toutes les questions inutiles qui ont habitées mon esprit ces derniers jours. Je n’aurais pas assez de mots pour t’expliquer toute cette peur que j’abrite, toute cette confiance qui me fait défaut, toutes ces craintes qui nourrissent mon quotidien, toutes ces failles qui font de moi celle que tu ne connais pas.
Tu n’as jamais cherché à comprendre. Ta fierté et ton orgueil sous le bras, tu parades et c’est bien tout. J’avais cru qu’il y avait plus que ça, derrière les apparences. Je te trouve des excuses, je te trouve des raisons insensiblement plausibles et je tourne en rond avec mes interrogations. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai dit ? Je ne peux me résoudre à cette explication faussement naïve, le « tu n’y es pour rien » fatidique.
Donne moi des raisons de te haïr, fais de moi une ennemie et que ce sentiment atroce de « peut-être » finisse par disparaître. Il m’est impossible de discerner les coupables dans tout cela. Prenez mon cœur et faites en du hachis : vous ne me reprendrez plus de si tôt à passer pour une conne.